Les récentes initiatives de Google concernant les « AI Overviews » suscitent de vives inquiétudes parmi les éditeurs de sites web. Ces résumés générés par intelligence artificielle, connus auparavant sous le nom de Google SGE et conçus pour répondre directement aux requêtes des utilisateurs, pourraient bouleverser l’écosystème en ligne en détournant une partie significative du trafic web des sites créateurs de contenu. Mais qu’est-ce qui est en jeu exactement et pourquoi les éditeurs s’alarment-ils autant ?

Qu’est-ce que les AI Overviews de Google ?
Les AI Overviews de Google sont des résumés générés par intelligence artificielle qui apparaissent en haut des pages de résultats de recherche (pour le moment uniquement sur les résultats de recherche anglophones, mais prochainement également en france).

En puisant des informations sur l’ensemble du web et des éditeurs de sites, à l’origine des informations, ces résumés IA fournissent des réponses directes aux requêtes des utilisateurs, réduisant ainsi fortement la nécessité de cliquer sur des liens pour obtenir plus de détails.

Cette innovation, bien que pratique pour les utilisateurs, soulève des préoccupations majeures chez les éditeurs de contenu en ligne.

2 milliards de dollars, c’est ce que pourraient perdre les éditeurs de sites web avec cette nouveauté selon un acteur historique de la publicité en ligne !
Selon Raptive, une firme spécialisée dans la gestion des inventaires publicitaires des éditeurs de sites web, les changements induits par les AI Overviews pourraient entraîner une perte de revenus estimée à 2 milliards de dollars (source) !

Certains sites pourraient voir leur trafic chuter de deux tiers, mettant en péril leur modèle économique basé sur la publicité et le référencement naturel.

Des problèmes légaux et éthiques se posent


Violations des droits de propriété intellectuelle
En France, certains éditeurs ont intenté des actions en justice contre Google, accusant l’entreprise de violer leurs droits de propriété intellectuelle en utilisant leur contenu sans autorisation pour entraîner ses modèles d’IA.

En avril 2024, un tribunal français a donné raison aux éditeurs, ordonnant à Google de négocier une compensation équitable pour l’utilisation de leurs extraits de contenu.

Ce jugement crée un précédent important et pourrait influencer d’autres juridictions à travers le monde, mais quels éditeurs en profiteront réellement ? Seulement les plus gros ?

Débats sur l’utilisation des données en ligne
L’usage des données publiques disponibles sur le web pour entraîner des IA comme celle de Google suscite un débat intense sur la nécessité de nouvelles régulations.

Les éditeurs argumentent que leurs contenus sont utilisés pour générer des revenus par des tiers sans compensation adéquate, une pratique qu’ils comparent au plagiat.

La question est de savoir comment équilibrer les avantages de l’IA pour les utilisateurs avec les droits et les revenus des créateurs de contenu.

Les professionnels de l’industrie pessimiste quant à leur avenir ?
Les réactions dans l’industrie suite à l’annonce du déploiement des AI overviews sont majoritairement négatives.

De nombreux professionnels s’indignent de la position dominante de Google et comparent cette nouvelle fonctionnalité à une pratique de plagiat.

Aujourd’hui, les journalistes et créateurs, qui dépendent souvent trop du trafic généré par Google pour leur survie financière, se sentent dépossédés de leur travail.

Nombreux sont les blogueurs et petits éditeurs qui craignent aujourd’hui une nouvelle baisse de trafic qui pourrait finir par les empêcher de continuer à maintenir leurs sites, faute de revenus publicitaires supplémentaires pour les alimenter.

Quel avenir pour le trafic référent gratuit issu de Google et la production de contenu en ligne gratuit en dehors des réseaux sociaux ?
Avec l’introduction des AI Overviews par Google, nous assistons aujourd’hui à une réelle révolution qui va très certainement redéfinir les règles du jeu pour le référencement naturel et la production de contenu texte en ligne.

Si Google utilise les informations produites par les éditeurs de sites pour répondre à ses internautes directement, sans rémunérer au passage les éditeurs pour leur travail, c’est toute une industrie qui pourrait être mise à mal.

Des propositions telles que le partage de revenus ou les frais de licence pour l’utilisation des contenus des éditeurs ont été suggérées comme solutions possibles, mais il y a de grandes chances pour que seuls les grands éditeurs puissent malheureusement en profiter.

Aujourd’hui, l’alternative la plus « viable » pour les éditeurs de contenus semble être d’opter pour un virage vers le contenu 100% payant avec la mise en place d’abonnements mensuels pour financer la production de leurs articles, au risque de pénaliser l’accès à l’information 100% gratuite telle que nous le connaissons aujourd’hui…